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ENS Cachan - Institut d'Alembert

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Interview de Joseph Zyss, Professeur à l'ENS Cachan, LPQM (UMR8537); Directeur de l'Institut d'Alembert

De 2002 à aujourd'hui, vous avez imaginé l'Institut d'Alembert et porté sa création pour en faire une structure « de gestation d'une nouvelle culture et de nouvelles pratiques » avec une portée internationale et pluridisciplinaire. Est-ce qu'amener l'IDA à devenir cet institut (fédération de 4 UMR, 1 LEA en Nanobiosciences avec l'Institut Weizmann depuis 2008, déjà 5 campagnes de projets IDA financées, 6 plateformes mutualisées, 1 Master Erasmus Mundus...) a été aisé ? Comment avez-vous piloté l'évolution de l'IDA considérant aussi les spécificités de chacun de ses laboratoires ?


La liste de ces activités, auxquelles il faudrait ajouter le bâtiment dédié à l'IDA, se situe au débouché de plus de dix ans d'efforts,  selon une gestation largement étalée dans le temps et résultant d'un travail collectif qui aura impliqué la plupart des membres des quatre laboratoires concernés. Les résultats concrets visiblement au rendez vous résultent d'un travail sous-jacent qui a consisté pour l'essentiel à abaisser des barrières d'ordre à la fois culturelles et humaines. Il s'agissait de contrer une certaine tendance au repli sur soi propre à tout groupe humain comme à tout corps de savoir trop bien balisé, en mettant l'accent sur l'ouverture et les bienfaits attachés à la complémentarité des pratiques et des connaissances. S'il est vrai qu'en recherche comme ailleurs, des repères et un cadre stable et équilibrant sont des points de départ et de ressourcement parfaitement légitimes, la créativité et l'innovation surgissent plutôt en situation de déséquilibre en dehors des limites de tel ou tel milieu d'origine.

Professeur de physique à l'ENS Cachan, vous dirigez ou co-dirigez deux équipes au LPQM. Pour 2014 vous décidez de mettre fin à votre position de Directeur de l'IDA après trois mandants de quatre ans pour consacrer plus de temps à vos travaux de recherche. Quels sont les projets qui vous motivent à passer plus de temps dans la recherche ?


Je ne suis pas sûr que mon potentiel de recherche soit à la hauteur des défis qui me tentent, mais il est non moins vrai que je n'ai jamais eu de complète certitude à cet égard à aucun moment de plusieurs décennies d'activité. Pour paraphraser le propos d'un éminent collègue « nous ne valons que ce que vaut notre prochain papier !». Il n'en reste pas moins que je me sens inspiré et attiré par le développement de structures multifonctionnelles aptes à hybrider les trois grandes familles de matériaux que sont les métaux, les molécules bio-organiques et les semi-conducteurs et les amènent à coopérer entre elles et à différentes échelles.  L'échelle nanométrique apparaît à cet égard comme un point de rencontre privilégié, tant scientifique que technologique, entre approches « top down » et « bottom up ». De grandes inconnues restent toutefois à lever quant à l'organisation d'entités nanométriques à une échelle plus grande, visant à associer les briques de base dans des édifices plus étendus qui valorisent leurs interactions.  Je travaille actuellement dans cette direction sur la base d'une nano-plasmonique hybride, dont les débouchés seront multiples depuis le bio-diagnostique jusqu'à de nouveaux types de composants photoniques.

Lors des 10 ans de l'IDA, vous avez traduit votre passion de la recherche dans cette maxime pour l'institut « du rêve aux réalisations, de la réalisation au rêve ». Quels sont vos rêves de chercheur aujourd'hui ?


Qui aurait osé pronostiquer il y a seulement dix ans que des métaux, réputés opaques et absorbants, occuperaient une place privilégiée dans la genèse de nouveaux dispositifs photoniques ? De même, qui aurait prévu que l'hybridation entre brins d'ADN apparaitrait comme une voie technologique possible en vue d'organiser avec la précision du nanomètre les sous-entités de composants photoniques de demain ?
Mon rêve est d'assister et si possible de contribuer, dans la mesure de mes capacités et de mon inventivité, par nature limitées, à une ou deux autres de ces révolutions conceptuelles et pratiques à venir, mais tout rêve se devant de comporter une part de mystère et d'inconnu, celui-ci  ne va donc pas jusqu'à prédire le contenu de ces révolutions à venir, si ce n'est qu'elles viendront à coup sûr !